L'oligurie

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image L'oligurie

L’oligurie désigne une production anormalement basse d’urine par l’organisme, c’est-à-dire une diurèse des 24 heures inférieure à 500 ml chez un adulte. La diurèse normale, soit le volume de la sécrétion urinaire (on parle aussi de débit urinaire), est comprise entre 800 et 1 500 ml par 24 heures. Certaines maladies peuvent s’accompagner d’une anomalie de ce débit urinaire . L’oligo-anurie qualifie une diurèse inférieure à 100 ml par 24 heures. Ces diminutions de sécrétions d’urine peuvent être liés à une défaillance du rein, mais peuvent aussi être dues à d’autres causes, notamment physiologiques.


L’oligurie, comment la reconnaître

L’oligurie, qu’est-ce que c’est ?

L’oligurie correspond à un volume très bas d’urine produite par l’organisme. La diurèse moyenne normale, chez une personne adulte, soit le volume d’urine qu’elle produit, est comprise entre 800 millilitres et 1 500 millilitres en 24 heures. Lorsque cette diurèse est inférieure à 500 millilitres, le patient est en situation d’oligurie. On parlera aussi d’oligo-anurie dès lors que la diurèse tombe au-dessous de 100 millilitres par 24 heures.

Comment reconnaître l’oligurie ?

L’oligurie se reconnaît au volume d’urine produit, lorsqu’il est inférieur à 500 millilitre.

Il faut être attentif, car un malade qui n’a pas uriné depuis 24 heures n’est pas forcément anurique, il peut s’agir aussi d’un blocage des mictions, dû à une rétention d’urine. Dans ce cas-là, le débit urinaire existe, mais aucune urine ne sort.

L’examen clinique est donc nécessaire dans la région située au dessus du pubis, par la percussion, à la recherche d’un globe vésical : cela a son importance, car un malade anurique, ou oligurique, sera pris en charge dans un milieu néphrologique, en raison donc d’un problème lié au rein, alors qu’un malade en rétention d’urine sera pris en charge dans un service urologique, c’est-à-dire relatif à un problème de l’appareil urinaire. 

Les facteurs de risque

L’oligurie est un phénomène fréquent chez les patients hospitalisés, chez lesquels une déshydratation s’avère peu probable. L’oligurie peut être un facteur de risque de développement d’insuffisance rénale aigue. Une augmentation importante de la sévérité de l’oligurie est également à risque de mortalité à l’hôpital plus élevée. Une courte oligurie est toutefois fréquente, et ne mènera pas au développement d’une insuffisance rénale aigue.

Les causes de l’oligurie

Défaut de filtration glomérulaire

Une réduction rapide du taux de sécrétion de l’urine peut refléter un taux de filtration glomérulaire se réduisant de façon précipitée. Ainsi, l’oligurie est l’un des biomarqueurs de dommages rénaux les plus anciens.  Les reins sont les organes qui effectuent la filtration via leurs glomérules, éliminant les produits toxiques produits par l’organisme et transportés par le sang : ces substances, inutiles à l’organisme, sont toxiques si elles ne sont pas éliminées, via les urines. Lorsque ses reins sont défaillants, une personne se trouve en situation d’insuffisance rénale.

La définition de l’oligurie comme étant associée à une insuffisance rénale aigue a été décrite depuis plus de 200 ans, par le médecin anglais Heberden. D’ailleurs, une sécrétion d’urine inférieure à 0,5 ml/kg/h durant plus de 6 heures est un critère alternatif à l’augmentation du taux de créatinine sérique dans l’évaluation du risque, la blessure, la perte ou la défaillance de la fonction rénale.

Ainsi, les guidelines internationales récentes considèrent ces deux critères, l’oligurie et le taux élevé de créatinine sérique, d’importance égale dans le diagnostic d’insuffisance rénale. Toutefois, alors que la créatinine reflète précisément le taux de filtration glomérulaire, un déficit de sécrétion urinaire peut être liée à d’autres causes physiologiques.

Oligurie : une réponse physiologique

L’oligurie, lorsqu’elle correspond à une réponse physiologique, est liée à une anti-diurèse due à une hypovolémie, soit à une diminution importante du volume sanguin circulant. Cette réponse physiologique est en lien avec le relargage d’hormone anti-diurétique (ADH), qui peut alors entraîner des réductions de sécrétion urinaire chez des personnes en bonne santé. L’oligurie peut donc refléter également une réponse physiologique normale, ou indiquer une perturbation transitoire de la circulation du sang. L’anti-diurèse peut être augmentée par la stimulation du système nerveux sympathique, notamment, c’est-dire les structures nerveuses qui gèrent l’activité automatique des organes viscéraux.

Autres causes de l’oligurie

  • L’oligurie peut aussi être causée par un relargage de l’hormone anti-diurétique engendrée par de la douleur, un stress, des nausées, des instabilités de l’hémodynamique (l’écoulement du sang dans les vaisseaux) ou la chirurgie, voire un traumatisme.
  • En outre, les touchers pelviens peuvent permettre de rechercher une hypertrophie bégnine de la prostate. Si la prostate est gonflée, elle comprime l’urètre, qui laisse alors peu passer les urines.
  • Un examen radiologique, qui consiste en une échographie des voies urinaires peut aussi mettre en évidence une éventuelle obstruction, donc un obstacle au niveau des uretères.
  • En outre, une occlusion aigue de l’artère ou veine rénale peut également endommager la fonction rénale, et engendrer une oligurie voire une anurie.

Risques de complications de l’oligurie

L’un des risques majeurs de complication de l’oligurie est le développement d’une insuffisance rénale aigue. Il faudra dans un tel cas, recourir à la dialyse, le principal traitement des insuffisants rénaux, qui consiste  à filtrer le sang au travers d’une machine.

Traitement et prévention de l’oligurie

Un test essentiel pour définir les caractéristiques de l’oligurie est le “Furosemide stress test” (FST), chez les patients atteints d’oligurie : il permet de déterminer si la fonction rénale est intacte.

  • Si plus de 200 ml d’urine sont produits dans les deux heures après le test au Furosemide, la fonction rénale est intacte ;
  • s’il y a moins de 200 ml produits dans les deux heures, la fonction rénale est endommagée, et cette dysfonction rénale pourra engendrer un recours à une dialyse, qui est le principal traitement de l’insuffisance rénale.

Le bilan biologique permet aussi d’analyser le débit de filtration rénale, qui se mesure par la clairance de la créatinine, effectuée soit par une prise de sang, soit par l’analyse des urines des 24 heures. 

La réponse au test FST dans l’oligurie pourrait permettre de discriminer les patients présentant une réponse au stress systémique résultant en une anti-diurèse, d’une réelle fonction rénale défaillante.

Par ailleurs, une étude menée chez des enfants ayant subi une chirurgie cardiaque, donc particulièrement à risque d’insuffisance rénale aigue, a mis en évidence qu’un traitement avec de l’aminophylline augmente la sécrétion d’urine et améliore le devenir post-opératoire du rein. Chez ces patients, un traitement au Furosemide améliore également la sécrétion d’urine, mais l’équipe de chercheurs américains a démontré la supériorité de l’aminophylline sur le Furosemide pour prévenir l’insuffisance rénale associée à la chirurgie cardiaque.

Enfin, il faut garder à l’esprit que la toute première prévention primaire pour éviter un risque d’oligurie, et également d’infection urinaire, consiste à avoir une bonne hydratation : les niveaux d’hydratation recommandés chez les adultes sont d’1,5 litre par jour pour les femmes, et 1,9 litre par jour chez les hommes. La plupart des enfants se trouvent à un niveau trop faible d’hydratation, il faut donc rappeler l’importance de boire régulièrement et suffisamment d’eau.

journaliste scientifique
Janvier 2019

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