L’Union européenne se prépare à imposer des taxes significatives sur les véhicules électriques en provenance de Chine, dans un geste protectionniste visant à protéger l’industrie automobile européenne face à une concurrence jugée déloyale. Bien que cette décision suscite des réticences parmi certains États membres, elle reflète la volonté de l’UE de préserver ses emplois et son expertise dans un secteur clé.

Ce changement marquera une véritable transformation du marché automobile européen. Bruxelles, soucieuse de ne pas voir son industrie déstabilisée, a obtenu l’accord des États membres pour instaurer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules chinois, pouvant atteindre jusqu’à 35 % en plus des 10 % déjà en place. Bien que cela constitue un obstacle majeur pour les constructeurs chinois, cette décision représente également un pari risqué pour l’Europe elle-même.

En effet, l’Union européenne se retrouve face à un dilemme politique complexe. Elle doit à la fois protéger son industrie et ses emplois tout en veillant à ne pas entraver sa propre transition écologique, tout cela sans provoquer de tensions diplomatiques avec la Chine. L’UE doit donc naviguer entre protectionnisme et libre-échange, écologie et industrie, dans une posture délicate.

Une Europe divisée face à la concurrence chinoise. Le vote récent sur cette question a révélé les divisions au sein de l’UE. D’un côté, la France, l’Italie et la Pologne, soutenues par dix autres pays, ont plaidé en faveur d’un protectionnisme renforcé pour défendre les 14 millions d’emplois liés au secteur automobile. En revanche, douze autres États membres ont choisi de s’abstenir.

L’Allemagne, quant à elle, s’oppose fermement à cette décision. Forte de ses liens économiques avec la Chine, elle craint qu’une escalade des tensions commerciales ne nuise à ses propres intérêts. Cependant, malgré l’opposition allemande, la majorité des États membres a donné son feu vert à cette mesure.

L’Espagne, de son côté, un fait preuve d’indécision. Après avoir initialement soutenu l’approche protectionniste, le Premier ministre Pedro Sanchez a fait marche arrière, appelant à une approche plus modérée, probablement influente par des promesses d’investissements chinois.

Des taxes ciblées selon les constructeurs La stratégie européenne est conçue de manière à cibler spécifiquement les constructeurs. Les surtaxes varient selon les entreprises : 18,8 % pour Geely, 7,8 % pour Tesla et 35,3 % pour SAIC. BYD, qui se développe rapidement en Europe avec une politique de prix agressive, se verra imposer une taxe de 17 %. Cette approche vise à frapper plus durement les entreprises jugées moins coopératives avec les enquêtes de l’UE.

La réaction de la Chine ne s’est pas fait attendre. En réponse à ces mesures, Pékin a lancé des enquêtes antidumping sur plusieurs produits européens, notamment les produits laitiers, l’alcool et le porc, ouvrant ainsi un nouveau front dans cette guerre commerciale. La Chine a demandé à l’UE de retarder l’application des impôts et de résoudre les différends par le dialogue, mais il est clair que cette confrontation ne fait que commencer. Outre le secteur automobile, d’autres industries comme les éoliennes, les panneaux solaires et les batteries pourraient également être touchées.

Les discussions se poursuivent entre Wang Wentao, ministre du Commerce chinois, et Valdis Dombrovskis, commissaire européen en charge du Commerce, pour tenter de trouver un compromis. Mais il est évident que l’Europe ne peut plus se permettre de laisser la Chine grignoter ses parts de marché. Cette décision marque un réveil de l’UE, prête à défendre son industrie face à une concurrence chinoise redoutable. Reste à voir si elle parviendra à tenir le coup dans cette compétition acharnée.

^{Source: Le monde}