Traitement du coronavirus : quels sont les traitements connus à ce jour ?
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Il n’existe à ce jour aucun traitement pour soigner la maladie Covid-19 provoquée par le virus Sars-Cov-2. Mais plusieurs équipes de scientifiques s’activent dans le monde pour trouver un traitement efficace, ainsi qu’un vaccin. Dans l’attente, le traitement repose uniquement sur le soulagement des symptômes.
Comment sont soignés les patients infectés par le nouveau coronavirus ?
Pour rappel, le Covid-19 est une maladie provoquée par le virus Sars-Cov-2. Elle possède de nombreux symptômes, et se manifeste généralement par de la fièvre ou une sensation de fièvre et des signes de difficultés respiratoires de type toux ou essoufflement. Une personne infectée par le Covid-19 peut aussi être asymptomatique. Le taux de mortalité serait de 2%. Les cas graves concernent le plus souvent des personnes âgées et/ou souffrant d’autres maladies.
Le traitement est symptomatique. Si vous présentez un ou plusieurs des symptômes caractéristiques, de façon modérée, vous devez appeler votre médecin traitant avant de vous rendre à son cabinet. Le médecin vous dictera la marche à suivre (rester chez vous ou vous rendre à son cabinet) et vous orientera sur les médicaments à prendre pour soulager la fièvre et/ou la toux. Le paracétamol est à prendre en première intention pour faire baisser la fièvre. En revanche, la prise d’anti-inflammatoires (ibuprofène, cortisone) est proscrite car ils pourraient aggraver l’infection.
Si les symptômes s’aggravent avec des difficultés respiratoires et des signes d’étouffement, appelez le SAMU Centre 15 qui décidera de la conduite à tenir. Les cas les plus graves sont hospitalisés pour bénéficier d’une assistance respiratoire, d’une surveillance accrue ou éventuellement être placés en réanimation.
Face au nombre important de cas graves et à la propagation du virus dans le monde entier, plusieurs pistes thérapeutiques sont actuellement étudiées afin de trouver rapidement un traitement et un vaccin.
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Le Tocilizumab fait naître l’espoir d’un traitement contre le Covid-19
Le tocilizumab est un anticorps monoclonal et concerne les patients atteints de forme grave de Covid-19. Cette molécule permet de limiter une réaction amplifiée du système immunitaire, on parle alors d'”orage cytokiniques“. Cette réaction, exagérée, de défense contre le Covid-19 engendre des difficultés respiratoires, nécessitant une assistance. Le tocilizumab est normalement utilisé pour soigner la polyarthrite rhumatoïde. Ce sont les lymphocytes B qui produisent cet anticorps. Une étude a été réalisée par l’AP-HP (Assistance Publique Hôpitaux de Paris), en France donc, sur 129 malades. Ces patients Covid-19 souffraient d’infection pulmonaire, moyennement grave à très grave. Le médicament tocilizumab a été administré à la moitié des patients, en plus du traitement classique. Le reste des patients a reçu le traitement ordinaire.
Le premier constat est que le nombre de patients admis en réanimation a diminué. Dans un deuxième temps, le nombre de décès, a lui aussi baissé. Les résultats sont donc plutôt prometteurs et l’espoir d’un traitement contre le nouveau coronavirus réel. Les études sont toujours en cours, car les premiers résultats sont prometteurs.
Un essai clinique sur des médicaments déjà sur le marché
L’Institut Pasteur a annoncé la mise en place très prochaine d’un essai clinique piloté par l’Inserm. Il vise à “évaluer et comparer quatre combinaisons thérapeutiques” :
- le remdesivir (un antiviral développé pour traiter la maladie à virus Ebola).
- le lopinavir (un antiviral utilisé contre le VIH).
- la combinaison lopinavir + interféron (protéine qui booste les défenses immunitaires).
Chacun sera associé aux traitements non spécifiques et symptomatiques de la maladie Covid-19.
- les traitements non spécifiques et symptomatique seuls.
Ces travaux vont inclure 3200 patients hospitalisés, dont 800 en France. Cet essai clinique sera évolutif. Si une des molécules sélectionnées est inefficace, elle sera abandonnée. A l’inverse, si l’une d’entre elles marche sur un des patients, elle pourra être testée sur tous les patients dans le cadre de l’essai.
L’essai Discovery dans le traitement du Covid-19
Mise à jour le 1er septembre 2020 – Selon le point d’étape du 4 juillet concernant l’essai Discovery, l’inclusion de la chloroquine et de la combinaison lopinavir et ritonavir est suspendue. Une réflexion est en cours sur le protocole de l’administration de ces traitements. Les résultats seront bientôt publiés dans les journaux. Cet essai, piloté par l’hôpital de la Croix-Rousse, est mené en totale coordination avec l’essai Solidarity (lancé par l’OMS). |
Depuis le 23 mars 2020, un essai clinique européen, nommé Discovery, a pour but d’évaluer quatre traitements expérimentaux contre le Covid-19. L’Inserm, dans le cadre du consortium Reacting, coordonne cet essai : ce sont au moins 800 patients français atteints de formes sévères du Covid-19 qui sont concernés.
L’Inserm précise que « L’objectif est d’évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre stratégies thérapeutiques expérimentales qui pourraient avoir un effet contre le Covid-19 au regard des données scientifiques actuelles. ».
L’essai Discovery prendra forme avec cinq modalités de traitement, testé de manière aléatoire sur les patients atteints du coronavirus de forme sévère :
- soins standards
- soins standards plus remdesivir,
- soins standards plus lopinavir et ritonavir,
- soins standards plus lopinavir, ritonavir et interféron beta
- soins standards plus hydroxy-chloroquine.
Le remdesivir, quels résultats ?
Qu’est-ce que le remdesivir ?
C’est le laboratoire américain, Gilead Sciences, qui a expérimenté le remdesivir au départ. En effet, ce médicament a été testé pour soigner les malades atteints du virus Ebola. Les résultats n’avaient pas été concluants. Le remdesivir est un antiviral ; c’est une substance qui lutte contre les virus. Le remdesivir offrait néanmoins des résultats plutôt prometteurs contre certains coronavirus. C’est pour cela que les scientifiques ont décidé d’expérimenter ce médicament contre le virus Sars-Cov-2.
Quelles sont ses actions ?
Cet antiviral empêche la réplication du virus dans l’organisme. Le virus Sars-Cov-2 peut créer chez certains patients une réaction immunitaire trop importante, pouvant attaquer les poumons. C’est là que le remdesivir peut intervenir, pour contrôler l'”orage de cytokines”. Le médicament va limiter la réaction inflammatoire et par conséquent, les atteintes pulmonaires.
Quels résultats ?
Le remdesivir a démontré que les patients atteints d’une forme grave de Covid-19 se sont remis plus rapidement que ceux ayant reçu le placebo. L’antiviral a donc une action contre le virus, mais ne constitue pas un remède complet pour lutter contre la maladie. Aux États-Unis, l’administration de ce médicament est autorisée pour une utilisation en urgence.
Mise à jour le 1er septembre 2020 – Concernant le Remdesivir, il aurait avancé la guérison de certains patients de quelques jours. Il semblerait également que le remdesivir réduirait la mortalité. Cet anti-virale s’avère plutôt efficace, mais, à lui seul, ne constitue pas un traitement contre le Covid-19. Cependant, la piste est sérieuse. |
Le test Hycovid contre le nouveau coronavirus
Un nouvel essai clinique, nommé « Hycovid » va être mené sur 1 300 patients, mobilisant ainsi 33 hôpitaux en France. La plupart d’entre eux sont localisés dans l’Ouest : Cholet, Lorient, Brest, Quimper et Poitiers ; et le Nord : Tourcoing et Amiens ; dans le Sud-Ouest : Toulouse et Agen ; et en région parisienne. C’est le CHU d’Angers qui dirige cette expérience.
Quel protocole pour l’essai Hycovid ?
L’essai concerne des malades atteints du Covid-19, ni dans un état préoccupant, ni en réanimation mais présentant des risques élevés de complications. En effet, la plupart des patients soumis au test sont soit âgés (au moins 75 ans), soit présentant des troubles respiratoires, avec un besoin d’oxygène.
Le traitement pourra être administré aux patients directement à l’hôpital, dans les EHPAD ou simplement chez eux. Comme l’indique le Professeur Vincent Dubée, instigateur principal du projet au CHU d’Angers « Nous traiterons les personnes précocement, ce qui est probablement un élément déterminant de la réussite de la prise en charge ». En plus de préciser que le médicament ne sera pas attribué à tous car certains patients recevront un placebo, sans que le patient, ni même le médecin ne le sachent.
Les premiers résultats
L’idée principale du Professeur Dubée est de « clore le débat » sur l’efficacité, ou non, de la chloroquine.Un protocole strict qui donnera ses premiers résultats d’ici 15 jours, avec une conclusion attendue d’ici la fin du mois d’avril.
Mise à jour le 1er septembre – Face à la trop grande controverse au sujet de l’hydroxycloroquine, l’essai Hycovid est arrêté pour le moment. L’Organisation Mondiale de la Santé a pris cette décision, après des critiques fondées, de la part de The Lancet. |
La chloroquine pour traiter le coronavirus ?
Le Pr Didier Raoult, infectiologue et professeur de microbiologie à l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée infection à Marseille, a indiqué le 25 février 2020 que la chloroquine pourrait soigner le Covid-19. Ce médicament antipaludique aurait montré son efficacité dans le traitement de la maladie, d’après une étude scientifique chinoise publiée dans la revue BioScience Trends. Selon le Pr Raoult, la chloroquine permettrait de “contenir l’évolution de la pneumonie, pour améliorer l’état des poumons, pour que le patient redevienne négatif au virus et pour raccourcir la durée de la maladie”. Les auteurs de cette étude insistent également sur le fait que ce médicament ne coûte pas cher et que ses bénéfices/risques sont bien connus car il est sur le marché depuis longtemps.
Cette piste thérapeutique doit toutefois être approfondie car les études ont été menées sur peu de patients et la chloroquine peut provoquer des effets secondaires potentiellement dangereux. L’hydroxycloroquine n’est plus administrés en France, dans le cadre du Covid-19, à part si cela concerne des patients faisait parti d’un essai clinique.
Mise à jour le 1er septembre 2020 – Toutes les études comprenant l’administration de l’hydroxycloroquine sont suspendues momentanément, sur les recommandations de l’Agence nationale de surveillance du médicament (ANSM), depuis le 26 mai. L’Agence analyse les résultats et prendra la décision de poursuivre ou non les essais. |
L’utilisation des sérums de personnes guéries
L’utilisation des sérums de convalescents, c’est-à-dire des personnes qui ont été infectées et ont développé des anticorps, est aussi une piste thérapeutique à l’étude. Des travaux publiés dans le Journal of Clinical Investigation révèlent que le recours aux sérums de convalescents pourrait :
- éviter aux personnes saines exposées au virus de développer la maladie ;
- traiter rapidement celles qui présentent les premiers symptômes.
Les auteurs de cette étude rappellent la nécessité de protéger les personnes les plus exposées au Covid-19, notamment le personnel soignant. “Aujourd’hui, les infirmières, médecins et autres professionnels de santé sont en première ligne dans la lutte contre le Covid-19. Ils sont exposés à des cas avérés. Certains d’entre eux ont développé la maladie, d’autres ont été mis en quarantaine à titre préventif, mettant en péril les systèmes de soins des pays les plus touchés”, concluent les chercheurs.
Deux vaccins testés en Allemagne et aux Etats-Unis
Les Instituts nationaux de santé américains (NIH) ont annoncé, le 16 mars 2020, avoir démarré le premier essai clinique de test d’un vaccin contre le nouveau coronavirus. Au total, 45 personnes en bonne santé vont bénéficier de ce vaccin. L’essai clinique se déroulera sur 6 semaines à Seattle. Si la mise en place du test a été rapide, la commercialisation de ce vaccin ne se fera que dans un an, voire 18 mois, si tout se passe bien.
En Allemagne, un futur vaccin potentiel est à l’étude. Il est développé par le laboratoire CureVac, spécialisé dans le développement de vaccins contenant du matériel génétique. Au lieu d’introduire une forme peu active d’un virus comme les vaccins classiques, pour que l’organisme fabrique des anticorps, CureVac injecte directement dans les cellules des molécules qui aideront l’organisme à se défendre contre le virus. Le vaccin développé par CureVac contient en fait de l’ARN messager (ARNm), une molécule qui ressemble à l’ADN. Cet ARNm permettra à l’organisme de fabriquer la protéine qui aidera l’organisme à combattre le virus responsable de la maladie Covid-19. A ce jour, aucun des vaccins developpés par CureVac n’a été commercialisé.
Un vaccin en cours de production en France
L’Institut Pasteur a lancé le projet SCARD SARS-Cov-2. Les scientifiques développent un candidat vaccin à ADN, pour évaluer l’efficacité du produit à injecter et la capacité à produire des réactions immunitaires.
Les résultats des nouveaux essais concernant les vaccins sont attendus pour le 21 juin 2020.
À ce jour, pas moins de 200 projets de vaccins sont en cours dans le monde. Parmi eux, 2 de ces vaccins auraient démontré une réponse immunitaire élevée. Les tests se poursuivent. En Russie, Vladimir Poutine a annoncé avoir trouvé un vaccin. Cependant, le monde scientifique est sceptique, au vu de la rapidité à laquelle il a été élaboré. Le président russe a également parlé d’un début de production en septembre 2020. Une stratégie de vaccination a d’ores et déjà été élaborée par les autorités de santé.
La nicotine et le Covid-19
La nicotine aurait-elle un impact positif sur le virus Covid-19 ? C’est ce qu’une équipe de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière tente de savoir. Le constat est qu’un nombre très faible de personnes contaminées au Covid-19 est fumeur. Comme la cigarette contient essentiellement des composés toxiques comme l’arsenic, l’ammoniac ou encore du monoxyde de carbone, les chercheurs se tournent vers la nicotine. Cette substance psychoactive empêcherait le virus de se fixer aux parois cellulaires. Attention cependant, cela ne veut en aucun dire qu’il faut fumer. La cigarette est néfaste pour la santé et abîme fortement les poumons. Il s’agirait d’appliquer des patchs nicotiniques sur certaines catégories de personnes :
- personnel soignant, pour un rôle préventif et protecteur de la nicotine ;
- les patients hospitalisés, pour voir si les symptômes diminuent ;
- pour les cas sévères de Covid-19, afin de réduire l’inflammation.
L’étude est en cours pour démontrer l’effet de la nicotine sur le nouveau coronavirus, qui aurait plutôt un rôle préventif que curatif.
Mise à jour le 1er septembre 2020 – Les effets de la nicotine sur le Covid-19 est encore une hypothèse pour le moment. Santé Publique France encourage toutes les initiatives pour lutter contre le coronavirus. Les résultats sont très attendus. |
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